La méditation : un effet de mode ? La France la découvre, et ses bienfaits ne cessent d’être vantés – sur internet, dans les livres, dans les médias. Pourtant les techniques de méditation existent depuis plus de 2.500 ans !
Quelles sont les formes et les techniques de méditation ? A quoi sert-elle ?
Définition de la méditation
Dans son exceptionnel ouvrage intitulé « Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme » (Editions Seuil, ISBN 2.02.036.234.1), Philippe Cornu définit la méditation comme suit : « Terme générique désignant un ensemble d’exercices de l’esprit et d’états spirituels développés grâce à ces pratiques. »
Philippe Cornu ajoute que « méditer est un processus, un entraînement de l’esprit et non une fin en soi. (…) La méditation bouddhique peut être définie comme une pratique ou un processus spirituel où le pratiquant se tourne vers l’intérieur, faisant appel à différentes techniques d’unification des trois portes (posture, respiration, attention…), visant ainsi à dissiper progressivement les états d’esprit grossiers perturbées par les passions et la discursivité, afin de parcourir les stades de recueillement qui mènent vers l’Eveil ultime ».
Selon le petit lexique Claire Lumière du Bouddhisme tibétain, il s’agit d’un « exercice permettant dans un premier temps de pacifier l’esprit, dans un second temps de découvrir sa véritable nature. La méditation consiste essentiellement à établir une vigilance sans distraction, avec ou sans l’aide d’un support de concentration. L’usage du terme est donc sensiblement différent de celui qui en est fait en français courant où il désigne un processus de réflexion sur un sujet donné. »
L'origine de la méditation
La méditation existe depuis plus de 2.500 ans. Elle vient du Bouddha, un être humain qui a, en son temps, atteint l’Eveil, correspondant à l’absence de souffrance, et a laissé des enseignements permettant à chacun de suivre ce chemin vers le bonheur durable et parfait.
Le Bouddha a expliqué que le sens de méditer est d’avoir un outil pour reconnaître la nature de son esprit. La nature de l’esprit est l’esprit parfait, dénué de souffrance, présent en chaque être humain. Cet esprit parfait s’exprime par les qualités d’esprit, qui résonnent. L’ego annihile l’expression de ces qualités d’esprit : ce sont les voiles de l’esprit, expression du mal-être, qui prennent le dessus et viennent recouvrir plus ou moins densément la profondeur, parfaite, de l’esprit. La méditation permet de brûler les voiles de l’esprit pour se relier à sa profondeur.
Les techniques de méditation sont porteuses d'un sens spirituel, où « spirituel » signifie « profondeur de l’esprit ». Elles permettent de trouver la profondeur de son esprit et de donner un sens à sa vie.
Réussir à méditer
Il ne s’agit pas d’être intelligent ou stupide pour réussir ou ne pas réussir à méditer.
Mais de bénéficier de ce qu’on appelle des « conditions réunies ».
1- L’existence d’une pratique ayant fait ses preuves.
2- l’existence d’un enseignant sachant transmettre cette pratique conformément à sa forme d’origine. 3-l’existence d’un élève comprenant l’enseignement et sachant l’appliquer sans en déformer l’essence, ni la mise en application par la pratique.
On comprend alors combien la pédagogie est essentielle.
Des véhicules différents pour réussir à méditer
Bien que le sens global de la méditation et son but soient d’amener la personne vers sa « nature de bouddha », ce que nous appelons dans le langage laïc amener la personne à vivre son bien-être parfait et durable, le chemin jusqu’au but, emprunté par chacun, sera différent.
Dans les enseignements du Bouddha, il existe des pédagogies variées pour parcourir ce chemin, dans le respect de la personnalité de chacun (avec ses forces et ses faiblesses).
Ces pédagogies sont des véhicules. Trois véhicules sont connus :
- le petit véhicule (Hinayana),
- le grand véhicule (Mahayana)
- et le véhicule de diamant / adamantin (Vajrayana).
Chacun révèle une vitesse d’intégration différente. Les résultats générés par les pratiques issues de ces véhicules sont en accord avec la vitesse d’intégration.
La méditation analytique
La méditation analytique est une des techniques de méditation simple et accessible à tous les débutants. Elle permet d’observer la relation de cause à effet, en analysant les phénomènes se produisant dans l’esprit, pour ainsi en comprendre le fonctionnement.
Par exemple, un composant de notre esprit, l’élément air, lui confère une capacité de mouvement. L’élément eau lui confère son caractère intarissable.
La méditation analytique consiste alors à observer ce qui se produit à l’esprit : d’une part comment les pensées se succèdent les unes aux autres, ou comment notre esprit est constamment en mouvement (dû à l’élément air) ; d’autre part le caractère incessant et intarissable des productions de l’esprit (dû à l’élément eau).
La méditation de concentration
La méditation de concentration est une technique de méditation plus difficile. En effet, elle requiert une vigilance de chaque instant pour ne pas laisser l’esprit nous emmener dans des fantasmes égotiques qui nous écartent du sens profond de la vie.
Le terme « concentration » ne signifie pas « crispation » ou « tension », mais « vigilance ». Dans la méditation de concentration, l’esprit est maintenu fixé sur un support spécifique, appelé point de méditation. Cette démarche de vigilance conduit à la discipline de l’esprit en lui apprenant à acquérir sa stabilité.
Par exemple, on peut relâcher la ceinture abdominale à l’inspiration et la laisser reprendre sa place à l’expiration, tout en restant vigilant sur la respiration qui devient le point de méditation.
On peut également travailler avec des supports spécifiques, comme la symbolique d’amour inconditionnel, de compassion et de sagesse, pour développer les qualités d’esprit correspondantes.
La méditation de calme mental
Dans les techniques de méditation, la méditation de calme mental est appelée samatha (sanskrit).
Dans la branche tibétaine du Bouddhisme, elle s’appelle chiné.
Son but est de pacifier l’esprit, afin de le rendre de moins en moins sujet aux agitations. L’esprit étant composé d’une partie féminine (repos) et d’une partie masculine (dynamique), son équilibre naît de l’union de ces deux parties. Souvent, une partie prend le dessus au détriment de l’autre. Lorsque la partie masculine prend le dessus, l’esprit est trop dynamique. Une dynamique non maîtrisée crée des agitations que nous subissons : ce sont les pensées discursives (des pensées émergeant à l’esprit, sans lien avec le moment présent ou le contexte dans lequel on se situe) et les émotions conflictuelles, qui sont des tensions bloquantes de l’esprit, annihilant nos qualités d’esprit.
Lorsque la partie féminine prend le dessus, elle génère chez la personne une passivité qui l’empêche de répondre à sa vie par des actions.
La méditation de calme mental s’appuie aussi sur des supports pour trouver, ou retrouver, la stabilité de l’esprit.
Elle ne permet pas d’atteindre l’Eveil, mais est une étape importante dans le processus méditatif menant au bien-être durable.
La méditation Vipassana ou Lhaktong
La méditation de Vipassana, dont l’équivalent tibétain est lhaktong, signifie : vision supérieure sur la véritable nature des phénomènes de l’esprit.
Elle prend le relais de la méditation de calme mental (chiné) : on ne peut s’entraîner à la « vision supérieure » que lorsque l’esprit est stabilisé, car elle permet de reconnaître l’essence de l’esprit et d’en avoir l’expérience directe.
Inutile de dire qu’il faut être un grand maître pour enseigner Vipassana ou lhaktong : sans l’expérience de la nature de l’esprit (c’est-à-dire l’Eveil de la conscience), on ne peut qu’aborder la pratique avec des concepts, qui sont la manifestation de l’ego.
La méditation laïque
La méditation laïque est une technique de méditation très répandue en Occident.
Par exemple, la méditation de pleine conscience en est un exemple.
Laïque signifie qu'il n'est pas nécessaire d'adopter la culture bouddhiste pour pouvoir méditer. En effet, jusqu'ici, pour apprendre à méditer, il fallait parler le même langage que tous ces grands maîtres orientaux de méditation. Cela rendait les choses souvent difficile. La méditation a souvent mal été comprise pour cette raison.
La méditation laïque n'est pas une sous-méditation. Mais une technique de méditation adaptée à l'Occident pour que les personnes y vivant puisse s'approprier le travail à effectuer.
Encore faut-il tomber sur un vrai maître de méditation, qui a appris le langage occidental, pour transcrire son savoir bouddhiste avec des mots que nous comprenons tous dans notre culture.
Le reiki : une technique de méditation
La pratique de la méditation est la pierre angulaire du Reiki Traditionnel, pratique établie par Mikao Usui de 1922 à 1926, au Japon.
En effet, le Reiki est l’union de la relaxation et de la méditation par le toucher et permet à chacun d’entrer dans sa propre relaxation méditative pour aller chercher en lui ses potentiels naturels solutionnants.
Mikao Usui était un méditant depuis son plus jeune âge et a utilisé ses connaissances et son savoir-faire pour développer la méthode du Reiki.
Ainsi, la méditation servant de base au Reiki est issue de la connaissance des grands maîtres de méditation, véhiculée durant plus de deux mille ans.
Aucun écrit n’ayant été laissé par le fondateur sur la transmission du Reiki, nous ne pouvons que supposer que la pédagogie employée par le fondateur du Reiki était en lien avec la tradition méditative dans laquelle il a été élevé, le bouddhisme zen / tendai, mais certainement aussi en lien avec le bouddhisme shingon, du fait de l’utilisation de fin de mantras shingon dans la symbolique.
Mais malheureusement, à la mort du fondateur, la méditation a été supprimée du reiki et les formes déviées sont apparues.
La méditation laïque du reiki
Plus spécifiquement, quand on se forme au reiki, on pratique la méditation laïque.
Rassurez-vous : si vous faites une séance de reiki, personne ne vous demande de méditer ou de savoir méditer. C'est le praticien qui effectue un travail de méditation laïque, en même temps qu'un travail de toucher, pour vous permettre d'entrer en relaxation méditative, vers votre bien-être parfait et durable.
D'autres techniques de méditation dans le reiki
Certaines spécialisations professionnelles pour les praticiens et maîtres praticiens, par exemple l'accompagnement de fin de vie par le reiki, reposent sur de la méditation analytique.
La quasi-totalité des méditations enseignées durant les formations de reiki sont des méditations de concentration.
Elles portent sur une symbolique – les symboles reiki – ou des métaphores permettant de remettre en route les qualités d’esprit de la personne.
Les méditations de calme mental sont aussi très présente dans les formations de reiki. Elles sont utilisées par les praticiens en formation.
Certaines parties de méditation effectuées par le praticien durant les séances qu'il dispense, rappellent très fortement la méditation de lhaktong.
Bien évidemment, la méditation n'est pas le seul outil utilisé dans le reiki, mais c'est un ingrédient essentiel de l'efficacité des séances de reiki.